Montréal

Des contraventions pour freiner le transit sur  le mont Royal

Des policiers et des agents de sécurité veilleront à ce que les automobilistes respectent l’interdiction de la circulation de transit au sommet du mont Royal, faute de quoi ils s’exposeront à une contravention. Ne cachant pas leurs réserves quant au projet pilote sur la voie Camillien-Houde et le chemin Remembrance, les Amis de la montagne invitent les Montréalais à mettre à l’épreuve les aménagements et à largement s’exprimer dans le cadre de la consultation publique.

Circulation de transit interdite

C’est à partir du samedi 2 juin prochain que la circulation de transit sera interdite sur le mont Royal, jusqu’au 31 octobre. Pour s’assurer que la circulation soit réduite, un tronçon de 550 mètres reliant les deux stationnements au sommet sera ainsi interdit aux voitures. La mesure étant temporaire dans un premier temps, seuls des panneaux de signalisation et du marquage au sol (bref, de la peinture) viendront signaler aux automobilistes qu’ils ne peuvent y transiter. En vertu de l’interdiction du transit, les gens arrivant de la voie Camillien-Houde devront faire une boucle au stationnement de la Maison Smith afin de rebrousser chemin. Quant à ceux qui arriveront du chemin Remembrance, ils devront faire une boucle au stationnement du pavillon du Lac-aux-Castors. Des panneaux électroniques à messages variables seront disposés aux entrées est et ouest de la montagne pour aviser les automobilistes que le transit y est interdit.

Policiers et agents

Pour s’assurer que les automobilistes respectent la signalisation, les policiers mettront en place un « plan d’intervention adapté ». En gros, ils donneront des contraventions. Le tronçon interdit aux automobilistes se trouve d’ailleurs tout juste en face de l’unité de cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Le responsable du projet, Luc Ferrandez, a indiqué que Montréal s’attendait à distribuer de nombreuses amendes au début du projet pilote, mais que leur nombre devrait diminuer lorsque les automobilistes se seront habitués. Il note que lors de l’interdiction de la circulation dans une rue du parc La Fontaine, de 15 % à 20 % des usagers avaient continué à emprunter la voie au départ. Lors des périodes de fort achalandage, une équipe d’agents de sécurité sera également sur place.

Transit maintenu pour…

Comme annoncé, l’interdiction du transit se limite aux voitures de particuliers. Les véhicules de fonction, les véhicules d’urgence, les cortèges funèbres, les vélos, les piétons ainsi que les transports en commun pourront continuer à transiter par la voie Camillien-Houde et le chemin Remembrance. Les transports collectifs seront d’ailleurs renforcés pour mieux desservir la montagne. La nouvelle ligne 711, créée l’an dernier, circulera sept jours sur sept durant l’été et toutes les fins de semaine le reste de l’année. Deux arrêts supplémentaires seront ajoutés, un au cimetière Côte-des-Neiges et un autre au nouveau belvédère « Soleil ». Pour l’heure, les autobus ne seront pas munis de supports à vélos pour permettre aux cyclistes n’osant pas braver les côtes de se rendre au sommet avec leur monture.

Aménagements temporaires

En plus de la peinture au sol et des panneaux, Montréal compte implanter certains aménagements pour animer la montagne cet été. Principal élément, une plateforme sera aménagée sur la voie Camillien-Houde pour donner un nouveau point de vue aux usagers de la montagne. Celui-ci sera baptisé « belvédère Soleil » parce que « c’est l’endroit pour voir les plus beaux couchers de soleil à Montréal », a indiqué Valérie Plante. Cette terrasse servira à démontrer le potentiel d’un mont Royal piéton, a ajouté la mairesse. Un « café suspendu » sera aussi implanté au belvédère Camillien-Houde. « C’était important pour nous, en faisant le projet pilote, de montrer à quoi ça peut ressembler d’avoir moins de circulation et de montrer le potentiel des endroits inaccessibles. »

Consultation publique parallèle

L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) a profité de l’annonce pour amorcer son étude du projet pilote. Un questionnaire en ligne sera lancé la semaine prochaine pour permettre aux Montréalais de documenter leur utilisation du mont Royal : comment s’y rendent-ils ? à quelle fréquence ? Deux soirées d’information seront aussi organisées pour permettre à la Ville de présenter les détails du projet à la population, les 10 et 15 mai. De juillet à septembre, l’OCPM organisera des « ateliers créatifs ». Puis, en septembre, un deuxième questionnaire sera mis en ligne pour recueillir les commentaires des Montréalais sur les changements. À l’issue du projet pilote, Montréal doit présenter le bilan de leurs observations, le 8 novembre. C’est à la suite de cet exercice que l’OCPM commencera à entendre les opinions des Montréalais sur le projet pilote.

Réserves des Amis de la montagne

Les Amis de la montagne n’ont pas caché leurs réserves quant au projet pilote. « L’élimination d’une partie des voitures ne doit pas donner un faux sentiment de sécurité aux piétons et aux cyclistes », a réagi Hélène Panaïoti, porte-parole de l’organisme. Celle-ci s’interroge également sur l’efficacité d’un affichage unilingue en français alors que de nombreux touristes étrangers fréquentent le mont Royal. Elle souhaite aussi que les panneaux à messages variables affichent un avertissement lorsque les stationnements au sommet seront pleins, pour éviter de créer de la frustration chez les gens n’arrivant pas à trouver où se garer. « C’est dans les détails que ce projet sera un succès ou non », estime Mme Panaïoti. Surtout, les Amis de la montagne invitent les Montréalais à mettre fréquemment à l’épreuve les aménagements au mont Royal cet été. Parce que pour eux, « c’est un projet qui est décisif pour l’accessibilité du mont Royal ».

Enfin, dit Héritage Montréal

Héritage Montréal s’est montré nettement plus emballé par le projet pilote. « Enfin, on embraye. Est-ce que le statu quo était valable ? Non », a réagi Dinu Bumbaru, d’Héritage Montréal. Celui-ci souligne que les élus montréalais avaient adopté en 2009 un plan de protection du mont Royal qui prévoyait justement de mettre fin à la circulation de transit sur Camillien-Houde, mais que la mesure n’avait jamais été mise en place. « On met énormément d’efforts dans des consultations publiques et les élus adoptent et envoient ça aux archives quand ça dérange trop », s’est désolé M. Bumbaru. L’homme croit que Montréal fait bien de retirer la voie Camillien-Houde et le chemin Remembrance du réseau artériel, c’est-à-dire des principaux axes de transport de Montréal, pour en faire un véritable chemin de parc.

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